Cette chronique souhaite rendre hommage à ces personnes extraordinaires qui embellissent et enrichissent nos vies, en nous rendant meilleurs sur tous les plans : mental, physique, professionnel, privé, sportif, intellectuel...
Nous avons toutes et tous la souvenance de ces mentors, de ces pairs, qui, tout au long de notre vie, ont su nous faire grandir, parfois dans les heurts, la douleur, les pleurs, ..., car quoi de plus dur que de faire prendre conscience à quelqu'un qu'il n'est pas sur le droit chemin, qu'il a besoin de s'améliorer, que ce qu'il fait depuis des années n'est plus d'actualité.
Quelques exemples vécus.
Je me souviens de cette jeune femme, à l'accent bordelais bien prononcé, brillante directrice de la communication et du marketing d'un grand groupe bancaire, qui m'a maintes fois renvoyé à ma tâche, tellement elle exigeait la perfection, notamment dans la correspondance vers les prospects et les clients... Elle m'a donné l'amour de l'écriture, du travail bien fait, du respect de ceux auxquels je m'adressais... Cela n'a jamais plus quitté mes pensées et m'a beaucoup aidé au plan comportemental et relationnel.
Mais aussi de ce vice-président télécoms, qui voulait faire de moi un bon manager et qui n'a pas compté ni son temps, ni son énergie pour mettre de la tempérance et de la pédagogie dans mes exigences toujours plus grandes, vis à vis des autres, en termes de qualité et d'efficacité au travail. Il a calmé ma fougue, m'a permis de revoir mes certitudes, de me mettre à la place de et de respecter le rythme de chacun.
La vie m'a enseigné que n'est pas mentor qui veut. Un certain nombre de qualités et de circonstances doivent être réunies...
Contrairement au coach, le mentor n'est pas sollicité pour faire un travail d'accompagnement sur une période donnée. Il s'agit bien souvent d'un manager "bienveillant" permanent qui a su détecter notre potentiel, notre talent, et y mettre tout l'investissement et toute la pédagogie nécessaires au quotidien, pour nous faire progresser, pour nous aider à atteindre nos objectifs et lui les siens. Ce qui n'est pas à la portée de n'importe quel manager. Notamment de ceux parachutés, sans expérience, sans avoir été formés au management.
L'expérience est importante, mais pas essentielle. En revanche, les qualités humaines et de coeur le sont. Impossible d'être un bon mentor sans écoute, sans empathie, sans volonté de comprendre, avant d'apprendre, sans humilité... Mais aussi sans avoir réalisé un travail important pour mieux se connaître avant de chercher à mieux connaître les autres, pour les faire progresser. "Le maître" doit être un exemple pour "l'élève" qui deviendra maître à son tour.
Bien plus qu'un titre, qu'un métier, le Mentoring est un art. Celui de façonner sans brusquer. Celui d'accompagner sans le faire voir. Celui de faire faire, tout en faisant. Le mentor montre et démontre. Il n'obéit à aucun code, à aucune méthodologie, mais à une éthique... Il fait selon son instinct, selon sa pratique, selon l'élan de son coeur. Il est présent sur le terrain. Sa connaissance des opérations le rend crédible. Nul ne peut « Mentorer » sans inspirer la confiance, sans donner de garanties sur la solidité et la réalité de ce qu'il "enseigne".
Nombreux mentors ont gravi les échelons à force de patience, de courage, d'audace et de rigueur au travail. Autodidactes ou diplômés, l'humilité a toujours été l'une des valeurs auxquelles ils sont le plus attachés.
Quelle magnifique mission de vie que celle d'un mentor. Se mettre "au service de" en toute discrétion, en toute sagesse, sans hésiter à se remettre en question, car un mentor ne sait pas tout, il apprend encore et toujours.
Patrick Louis Richard
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