1. Dans la tourmente d’une jeunesse à marche forcée
Anthony est têtu (héritage des origines bretonnes de ses ascendants ?), quand il veut quelque chose, il finit toujours par l’obtenir, notamment les petits soldats de plomb ou les jeux de Lego, dont il raffole. Il est capable de rester planté des heures devant le principal magasin de jouets de Rabat, « Le Nain Bleu ». En revanche, il sait aussi se montrer très serviable et faire tout ce qu’un enfant de son âge peut faire, pour soulager sa mère.
Aussi, il ne comprendra jamais l’existence de ce « carnet de malheur » et la raison réelle des coups de ceinture répétés de son père, du fait de ce qui y est consigné par une mère qui ne se soucie guère du mal qu’elle lui fait, en conscience ou en inconscience. Voulait-elle prouver quelque chose à son mari, lui dire combien son absence lui coûtait et combien elle se sentait incapable d’élever ce fils qu’elle n’a point désiré ?
2. Une immersion dans le monde des adultes arrivée bien trop tôt
Plusieurs jours vont passer sans qu’ils ne se parlent. Anthony écrit une lettre à Julia qui n’est pas une demande en mariage, mais presque ; lui qui a si envie de fonder une famille. Pourtant, il ne la connait même pas et ignore les raisons de sa séparation. Un peu vieux jeu, il disait souvent qu’il ne se marierait jamais avec une femme divorcée.
Hésitant, il finit par se confier à sa collègue Géraldine. La jeune mariée le met en garde ainsi :
- Tu sais Anthony, tu as eu une enfance et une adolescence particulièrement traumatisantes, dont tu n’as pas encore vraiment fait le deuil. Alors tu devrais profiter à fond de la vie et de ta jeunesse, avant d’avoir des obligations familiales. Sais-tu aussi que ma petite nièce Claudia avec laquelle tu as dansé, lors de la soirée annuelle de la Banque, a une photo de vous deux enlacés et dansant un slow, prise par son père, tout près d’elle dans sa chambre ?
Anthony est très touché, même bouleversé, par le message bienveillant de Géraldine ; mais son cœur est déjà épris de Julia, alors qu’il n’a même pas encore eu de réponse à sa lettre. Ce cœur et cette tendance à s’engager un peu trop vite qui vont être, pour lui, la source de terribles déceptions ; mais aussi de magnifiques histoires.
3. La quête irrésistible de l’amour de l’autre
Malgré la situation qu’il traverse au travail, il va veiller à être présent pour elle à chaque fois qu’elle éprouvera le besoin de lui parler et ceci à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. Valentina passe son temps entre la France où elle est soignée par les plus grands spécialistes, la Suisse et l’Argentine.
Ils traversent de merveilleux moments d’échanges authentiques et profonds, y compris dans les salles d’attente des spécialistes qu’elle consulte. Valentina est très touchée par son soutien de tous les instants. Ils ne se connaissent pas de visu, à part sur quelques photos ; mais leur amitié est bien réelle, même elle n’hésite pas à se fâcher et à le secouer quand son moral est au plus bas.
Pendant des mois, ils vont se parler tous les jours, jusqu’à cette terrible intervention au niveau des poumons ; après celles du rein et du colon, où sa petite cousine Lucia, jeune diplômée en médecine, prendra le relais de leurs échanges. Elle l’informe du déroulement, mais s’interrompt soudain fatiguée qu’elle est par ces journées harassantes d’urgentiste.
4. Sur le chemin de l’amour de soi
Anthony a sérieusement besoin d’un électrochoc en vue d’apprendre à se concentrer sur son propre bien-être. Il a trop longtemps été négligeant sur ce point pensant peut-être, à tort ou à raison, que le fait de se consacrer aux autres contribuait aussi à son bon équilibre émotionnel et physique.
Ne cachait-il pas une volonté farouche de ne jamais rester seul ; d’aimer et d’être aimé quel qu’en soit le prix ; de partager sans cesse au risque d’étouffer la liberté de l’autre ? Ne poursuivait-il pas le tout et son contraire ?
C’est à une véritable « reprogrammation mentale » qu’il doit accepter de se livrer, en toute docilité et à plus de cinquante-neuf ans. Samantha l’a compris ; elle ne manque pas de ressources pour que la recherche de son propre bien-être devienne un automatisme pour lui. Elle s’investit de tout son savoir, de toute son intuition, de toute sa connexion et de toute son âme, dans la mutation comportementale de celui qui est devenu à ses yeux plus qu’un ami, mais un vrai partenaire de vie.
5. L’accomplissement
Anthony se sent bien psychologiquement depuis qu’il a accompli ce long chemin introspectif vers l’amour de soi. Il a envie de passer de l’intention à l’action en mettant ce bien-être, si nouveau et si réconfortant, toujours au service des ailes brisées mais à une plus grande échelle ; en s’intéressant à toutes les espèces vivantes, car se centrer sur l’humain principalement est réducteur selon lui et une forme de déni de tout ce que la terre offre de splendide et de naturel.
Il sait que la tâche sera ardue et qu’il sera pris, comme beaucoup de ceux qui ont voulu changer la face du monde, pour un utopiste, un marginal, un illuminé. Estrella croit en son projet d’envergure et lui apporte tout son soutien.
Ses fidèles relations et amis, de tous les horizons et de toutes les cultures sur le réseau social, sont les premiers à rejoindre le groupe qu’il a créé, avec pour principale vocation d’être un espace de réflexion et de partage libre des sources d’amour, d’inspiration et de bonne conscience, de chacune et de chacun. Anthony est convaincu, comme il a su le faire pour lui, que les comportements et les mentalités n’évolueront que si les gens apprennent à mieux se connaître et à s’aimer eux !
L’amour de soi donne des ailes à son propre changement et à celui des autres par mimétisme (le bonheur est contagieux) ; alors que la haine, le déni de soi, enracinent ce qui aurait dû changer depuis des décennies. Et le chemin vers un monde plus équitable, plus fraternel, passe par cette étape hautement cruciale, qui s’inscrit opportunément dans la démarche plus globale de « Pour un retour à l’Essentiel ».
6. Emporté vers son étoile par un ange
Pour Anthony, c’est une deuxième vie qui a commencé là-haut dans le ciel où il a retrouvé Fernand, Valentina, Svetlana, Manuel, Claudine, Carlos et les autres… Elle est paradisiaque !
Le Monde tel qu’il aurait aimé qu’il soit sur la Planète Terre. Faut-il que les femmes et les hommes meurent pour prendre conscience du mal qu’ils ont fait et font, alors qu’ils avaient tout à leur portée pour faire le bien ?
Jamais Anthony n’a partagé cette croyance qui est de dire que le bien ne va pas sans le mal et inversement.
Il ne peut pas entrer en contact avec Estrella, même s’il est comme jamais connecté à elle et aux belles âmes qui ont parcouru sa vie. Alors, il l’attend quand elle aura accompli sa mission sur Terre. Lui a eu l’opportunité de pouvoir aller quasiment au bout de la sienne, même s’il aurait aimé continuer à aider autrui, et en particulier les plus fragiles et les plus démunis, par le biais de ses ouvrages et de ses incitations à dépasser l’observation pour passer à l’action.
Patrick Louis Richard
Comments