Pouvons-nous réussir dans le monde du travail tout en restant authentiques ?
Cette question, je me la suis posée à de nombreuses reprises tout au long de mon parcours professionnel. Et je n'ai pas vraiment trouvé la réponse...
Cependant en regardant de plus près, plusieurs réponses possibles sont apparues.
Les voici livrées à votre attention et à votre réflexion comme elles me viennent.
Oui l'authenticité peut être un frein, car toute vérité n'est pas bonne à dire et l'authenticité appelle souvent la vérité, notre vérité construite autour de la vérité. Et comment être authentiques quand notre authenticité peut porter préjudice à une carrière, à des objectifs, éclairer sur la réalité des comportements et des faits. Parce qu'au travail, notre contribution a souvent un triple effet. Pour l'entreprise, pour une ou plusieurs personnes dans l'entreprise et pour nous-mêmes.
Oui l'authenticité montre parfois de manière très claire le choix que nous faisons de faire passer les intérêts de l'entreprise avant les intérêts individuels. Car c'est ainsi que nous souhaitons la faire progresser, aider à sa réussite et par sa réussite, à celle des équipes et à la nôtre. Seulement voilà, ce n'est pas le schéma de pensée de tout le monde car il expose, il met en risque. Agir pour se préserver, pour se protéger, pour plaire à, pour faire strictement ce qui nous est demandé, sans se poser de questions et ainsi favoriser à la fois le chemin de notre hiérarchie et le nôtre par contrecoup. Paraître, plus qu'être. Cultiver une image, celle dans laquelle beaucoup se réfugient pour cacher la vérité de qui ils sont vraiment.
Oui l'authenticité sait difficilement cohabiter avec le mensonge, la manipulation, le lien de subordination... Elle peut être vue comme une agression, un manque de respect, de discipline. Comme une attitude rebelle et les rebelles ne sont pas appréciés dans le monde du travail. Il faut être comme l'on veut que nous soyons et pas tels que nous sommes vraiment. Les enjeux sont de taille et l'humain dans son authenticité ne fait pas le poids. Tout est jeu, tout est subtilité, tout est séduction, tout est superficialité... Un masque, un costume d’apparat, voilà ce que nous devons porter pour exister professionnellement. Avoir une maîtrise de notre être par le paraître, une maîtrise de nos émotions, de notre sensibilité. Les laisser paraître à bon escient et les faire disparaître quand elles peuvent porter préjudice aux autres, à la carrière des autres, à l'évolution des autres... Et à nous par contre effet.
Alors comment nous en sortir quand nous sommes faits de sensibilité, de volonté de justice, d'équité, de sincérité, d'audace, d'authenticité, que nous n'avons pas envie d'être les bons soldats de quiconque ?
- Faire comme les autres, ceux qui réussissent, en oubliant qui ils sont le temps de leur présence au travail ? Bien difficile quand nous avons une personnalité bien trempée, quand nous sommes entiers dans les paroles comme dans les actes.
- Travailler sur soi afin d'être capables d'être différents au travail par rapport à dans la vie privée ? Bien difficile encore, car les gens authentiques ont beaucoup de mal à être des copies. Ils sont bruts de décoffrage, vrais...
- Nous dire que le travail est pour vivre, couvrir nos dépenses, mais pas un lieu pour l'authenticité.
L'accepter pour éviter de le perdre, ce travail si important pour notre équilibre mental, économique et social... Tout en sachant qu'il n'y a pas qu'au travail que l'authenticité peut porter préjudice. N'est-ce pas dans la nature humaine que de se construire une image, celle que les autres ont envie de regarder ?
Combien de fois nous voyons chez l'autre, ce que nous avons envie de voir chez nous, ce que nous n'avons pas su faire naître en nous ou montrer de nous.
- Rechercher pour notre bien-être les gens authentiques et il y en a, n'être vrais qu'avec eux car ils ne représentent pas de dangers, et jouer avec les autres, la pièce qu'ils ont envie de nous voir jouer.
Mais forcer notre nature n'est pas durable. Un jour, elle nous pousse à agir pour ne plus être un clone, une pâle copie de qui nous sommes. Nous franchissons la porte pour revenir par une autre porte, celle qui donne plus de liberté à notre authenticité ou pour ne jamais plus revenir du tout, en changeant de vie, d'objectifs de vie, de chemin de vie..
Authentiquement.
Patrick Louis Richard
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