EXTRAIT :
Se libérer de son emprise.
Paul-Claude Racamier, l'un des plus grands psychanalystes du XXe siècle, décrit le PN comme « un être sans scrupule, qui aspire l’énergie de l’autre pour se protéger de ses propres souffrances et de son vide intérieur. » Car tel est bien le pervers narcissique qui cherche à panser son mal-être et son narcissisme meurtri, en faisant de sa victime un objet à humilier pour se faire valoir. La perversion narcissique est un véritable fléau social dont les ravages sont terribles et qui oblige les victimes à se reconstruire par le biais de psychothérapies - Source Internet.
En tant que multi rescapé de PN, je partage, en de nombreux points, la vision ci-dessus, tout en précisant que j’ai eu affaire à des PN qui n’avaient pas eu une enfance malheureuse, qui n’avaient pas été maltraités par leurs parents. Il est clair que la perversion narcissique est un véritable fléau de société, partout où elle sévit : milieu institutionnel, milieu professionnel, milieu intrafamilial. Pourtant, la prévention est quasiment inexistante, à l’inverse des dispositifs d’accompagnement des victimes qui se multiplient. Sujet tabou, il est plus question d’évoquer le harcèlement que la perversité et le narcissisme, réunis chez un même individu et a fortiori, s’il est influent. Les statistiques indiquent une faible proportion de PN. Ce serait intéressant, toutefois, de disposer d’informations par catégorie socioprofessionnelle et par position hiérarchique. Si le nombre de PN est peu significatif, celui de leurs victimes est à regarder de près. Un PN, haut placé, s’appuyant sur tout ce qui est susceptible de servir ses intérêts et ceux de son clan, peut être responsable, directement ou indirectement, de la destruction psychologique et physique de milliers de personnes.
Comme développé dans les chapitres précédents, détecter ou démasquer le PN, le plus tôt possible, et l’écarter de sa vie, autant que faire se peut, aide la victime à s’épargner le pire : dépression, folie, tentative de suicide. Voyons, à présent, les décisions fermes à prendre par la victime, la proie, en vue de se libérer de l’emprise du PN ; faute de n’avoir pu le détecter et l’écarter de sa vie, dès l’entrée en relation.
Contexte : La victime s’est rendu compte, à un moment, qu’elle était en relation avec un individu particulièrement toxique, mais a cru pouvoir le changer, changer elle aussi, par la même occasion. Mais finissant par ne plus pouvoir le supporter, lui et ses agissements, elle a ouvert les yeux ou des proches les lui ont ouverts. Le PN a ainsi été démasqué. La victime lui a alors signifié qu’elle voulait le quitter (cas d’une relation sentimentale) ou qu’elle voulait partir (cas d’une relation professionnelle).
Rappel des raisons ayant pu conduire la victime à être sous l’emprise du PN :
Pourquoi la victime s’est-elle jetée dans la gueule du loup, en l’occurrence celle du PN, en conscience ou en inconscience ?
Comment la victime a-t-elle pu continuer avec lui, contre vents et marées, au lieu de l’écarter de sa vie ?
Qu’est-ce qui a fait que la victime ait été dans l’obligation de supporter le PN et ses agissements ?
Plusieurs circonstances :
- La victime a eu besoin de travailler de toute urgence, pour éviter le pire (situation personnelle difficile, précarité, marché de l’emploi tendu, séniorité…). Elle a donc été moins regardante, par exemple, sur la personnalité de son futur manager.
- La victime est tombée, éperdument et aveuglément, amoureuse du PN, lasse de vivre, avant lui, des échecs répétés et douloureux. Mise en confiance, elle a été séduite par ses belles paroles, ses saines intentions, ses attentions, ses promesses de lui offrir une vie meilleure. Le côté « sauveur » a masqué la perversité et le narcissisme, dévoilés au fil du temps.
- La victime n’a guère eu le choix, elle est née d’un parent ou de parents PN.
Pour se libérer de l’emprise du PN, après avoir pris conscience de sa dangerosité, de son incapacité à changer, que peut faire la victime ?
- Prendre la décision de le quitter, de l’écarter définitivement de sa vie, en se préparant, soit à de l’indifférence de sa part, soit à une réaction violente.
- Continuer à vivre avec le PN, mais en ne cédant à aucune de ses déviances comportementales, tout en sachant que cela ne peut pas s’inscrire dans la durée, avec un tel individu
- L’ignorer, purement et simplement ; chose pas toujours facile à faire, en cas de proximité (membre de la famille, hiérarchique direct, collègue de travail.). S’il existe un lien de subordination entre le PN et la victime et qu’il est devenu insupportable et dangereux, pour celle-ci, de continuer de travailler avec lui ou pour lui, vouloir se maintenir à son poste, en espérant qu’il s’en aille, relève du défi improbable. Le seul salut, pour la victime, est de tout faire pour ne plus avoir affaire à lui. Sur les sept dirigeants ou managers PN que j’ai croisés durant mon parcours, aucun n’est parti ou n’a été contraint de partir. En revanche, leurs victimes ont toutes été licenciées ou poussées à bout, au point, soit de devoir se mettre en arrêt-maladie de longue durée, avec des séjours en hôpital psychiatrique, soit de tenter de négocier des fins de contrat de travail, dans l’urgence...
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