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Photo du rédacteurPatrick Louis Richard PLR

Rassembler, non pas pour faire se ressembler mais pour unir les différences !

Dernière mise à jour : 5 déc.

En cette période particulièrement agitée dans le monde du travail, rassembler, non pas pour faire se ressembler mais pour unir les différences n'a jamais autant été d'actualité.


Mais pour comprendre comment y parvenir, il me semble intéressant de regarder dans un premier temps les facteurs qui divisent. Pourquoi les différences s'opposent entre elles au lieu de s'unir pour se compléter ?


Qu'est-ce qui divise dans le monde du travail ?


Le travail en lui-même. C'est une lutte de tous les instants pour réunir ce qui divise car l'univers professionnel, même le plus exaltant, devient très vite un lieu de divisions quand la peur s'y installe (peur de perdre son travail, peur de ne pas être à la hauteur,...). Cette peur qui crée les gentils et les méchants, cette peur qui paralyse les démarches de rassemblement. Cette peur qui fait que nous nous refermons sur nous-mêmes au moment où il est vital de se rassembler pour gagner ensemble parce que les victoires solitaires n'ont pas de lendemains.


Les objectifs au travail. C'est également une lutte de tous les instants. Arriver à concilier des objectifs communs, ceux de l'entreprise, de l'établissement public... avec des objectifs individuels qui sont ceux de chacun de leurs acteurs, s'avère d'une complexité sans nom qui alimente les divisions. Imaginons un groupe qui décide d'aller à la découverte d'un nouveau lieu (objectif partagé) qui, dès s'être mis en marche, montre des désaccords en son sein sur la route à suivre (divisions). Même si l'objectif n'a pas changé, c'est l'ambiance dans le groupe pour l'atteindre qui a changé. Autant les objectifs peuvent émuler dans les sommets à conquérir, autant ils peuvent diviser dans la rétribution des efforts de chacun pour atteindre ces sommets.


Car le nerf de la guerre donc de la division est bien là !

- La rétribution !


- Le rapport de subordination. C'est sur ce point que les divisions sont les plus difficiles à enrayer car le lien de subordination quand il est poussé à l'extrême, notamment en période de fortes tensions, pressions, met en opposition des volontés, des propositions, ... avec le pouvoir d'y mettre un frein au gré des décideurs ou des managers. Ce contrôle de l'autonomie laissée ou à laisser s'oppose à l'envie de dépendance et de liberté de chaque acteur. Ainsi le rapport de subordination est source de divisions simplement parce que bien souvent, il est opéré par des gens qui n'ont pas eux-mêmes les pleins pouvoirs, étant eux-mêmes les subordonnés de quelqu'un.


- L'absence de stratégie. C'est l'un des maux chroniques du monde du travail. Et nous savons combien l'Humain a peur du vide. Alors chacun dans son coin établit sa stratégie individuelle ou d'équipe, de service, de département, de direction. Des groupes hétérogènes se forment alors que les objectifs recherchaient le contraire, des clans apparaissent et les divisions trouvent leurs terrains de prédilection.


- Les facteurs exogènes. Ceux que personne ne maîtrise, voire est capable d'anticiper vraiment (situation économique, fiscalité, réglementation...). Pris de court, et en position réactive bien souvent propice à ces rejets qui entraînent les divisions (ceux qui suivent et ceux qui refusent de suivre) car l'humain dans le monde du travail n'aime pas être mis devant le fait accompli.


- La lutte des anciens et des modernes. Quelle organisation dans le travail et notamment les grosses, n'a pas connu ce phénomène, cette opposition entre une culture bien ancrée et une nouvelle culture qui se met en place (nous en avons un exemple en France actuellement). Cette lutte des anciens et des modernes qui divise profondément et durablement, jusqu'à ce que le socle des modernes prenne le dessus en nombre et en prérogatives sur le socle des anciens, là où bien souvent se trouve la majorité des décideurs.


Alors comment faire pour rassembler, non pas pour faire se ressembler (clonage) mais pour unir les différences, unir et pas réunir. Car réunir, serait réunir les divisions... Au contraire d'unir qui serait trouver des points de concordance dans les divisions.


- Faire des divisions des atouts. C'est bien dans les divisions que les différences se font criantes et ce sont bien ces différences que le rassemblement veut unir. Il est très rare d'avoir des différends, donc des divisions sur tout. Bien souvent, il s'agit de problèmes de communication. Tout le monde est d'accord mais n'arrive ni à se parler, ni à s'entendre. Faire des divisions des atouts est un axe important à explorer pour rassembler. Et c'est tellement formidable d'arriver à unir des différences sans les changer fondamentalement.


- Ne jamais construire des objectifs seuls dans son coin. Quand nous voulons établir des objectifs rassembleurs, ce n'est pas lors de la communication de ces objectifs qu'il faut les partager mais bien en amont. Arriver à les construire de concert et le mot est tout à fait celui-là. Un chef d'orchestre n'arrivera jamais à obtenir le meilleur de ses musiciens s’il ne va pas chercher avec eux le meilleur lors des répétitions. Oui il est indispensable d'avoir des répétitions pour construire des objectifs. Il n'y a pas de 49.3 qui vaille pour ce processus bien qu'à un moment, il faut savoir sortir de la discussion pour aller à la décision. Mais cela, les vrais leaders savent très bien le faire, dans la communication qui mène à l'action.


- Mettre de l'adoucissant dans le rapport de subordination. Pas question de le remettre en cause car il est vieux comme le monde. Ce serait lutter en vain contre des siècles et des siècles de cultures, de conventions, d'idéaux, de stéréotypes... Par contre, modernité et mondialisation obligent, le rapport de subordination ne peut plus être un rapport régi par l'autorité et l'autoritarisme. C'est un rapport qui doit s'avoir s'ouvrir en toutes circonstances à l'échange, à la proposition, au respect des idées des autres. Un rapport hiérarchique fait d'intelligence et rassembleur. Un rapport hiérarchique épanouissant. Un rapport hiérarchique respectueux de l'humain et de sa liberté d'expression. Le monde du travail ne peut pas être indéfiniment celui de l'accélérateur des cadences et du frein des intentions pour donner du confort sur la durée à ces cadences.


- Ne jamais essayer de rassembler sans stratégie. Les paysans se rassemblent au marché avec la même stratégie que leurs homologues (vendre leurs produits au meilleur prix et à la meilleure satisfaction) pour ensuite se disperser, produire et revenir au marché encore plus forts, encore plus compétitifs... Sans stratégie définie, claire, communiquée et partagée, il ne peut pas y avoir de rassemblement. La stratégie, c'est la partition du chef d'orchestre. Le leadership de la stratégie, c'est la baguette du chef d'orchestre et le déroulement de la stratégie c'est la virtuosité du chef d'orchestre associée à la virtuosité de chacun des musiciens de l'orchestre.


- Apprivoiser les facteurs exogènes. Plus facile à dire qu'à faire. Et bien non. Ce qui se passe dehors arrive moins par surprise quand nous veillons à être régulièrement dehors. Un prévenu en vaut deux et c'est bien plus aisé d'être préparés que d'être pris de court. Cela vaut pour les lois, la fiscalité, la réglementation mais aussi pour les aléas économiques et concurrentiels. Il faut suivre avec des longueurs d'avance et la chose est possible quand ces longueurs d'avance deviennent des réalités parce que nous avons pris le temps d'aller les chercher dehors, hors du nez dans le guidon. Et la maîtrise de son environnement interne comme externe est propice au rassemblement dans l'union des différences.


- Rapprocher les anciens et les modernes. Les uns seront les fondations et les murs, les autres seront les fenêtres, les portes, les toits, les cheminées... C'est en recherchant les points communs dans les divisions de cultures, d'expériences et d'opinions que nous rassemblons. Car les anciens ont été d'anciens modernes et les modernes deviendront des anciens. Ainsi va la vie au travail comme dans la vie privée. Les générations sont là pour se compléter et un grand nombre d'entreprises, d'établissements publics l'ont compris. La complémentarité est rassembleuse. Chaque pièce d'un puzzle n'est-elle pas complémentaire de l'autre pour arriver à cette image finale qu'est l'expression harmonieuse de la stratégie et des différences des femmes et des hommes.


Les recettes existent pour réussir à rassembler, non pas pour faire se ressembler mais pour unir les différences dans l'harmonie. Nous les avons expérimentées et nous les expérimentons tous les jours. A nous d'avoir la volonté de les institutionnaliser, commençant par les écrire, les documenter.


Il n'y a pas d'histoire sans traces d'histoires.


Patrick Louis Richard





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